Ash

Les cendres ou alors le frêne, pour ceux qui savent reconnaitre un frêne !

Thomas était frigorifié. L’hiver était en avance et il faisait vraiment très froid en cette nuit de début novembre. Être sur le bord d’un lac d’Écosse , à presque minuit n’aidait évidemment pas.

Il renifla, se retourna pour regarder les deux huissiers qui étaient restés à quelque mètres de distance.

« Vous devez attendre minuit exactement » lui rappela l’un des deux « Et réciter le poème que l’on vous a fait apprendre en renversant les cendres » rappela le deuxième

« Oui, oui, je me souviens », je ne suis pas un enfant rala Thomas en tenant fermement l’urne funéraire qui contenait ce qui restait de sa grand-mère, morte il y avait deux jours.

Quelle poisse que Lycia soit tombé dans le coma après un accident de moto hier soir. A croire qu’elle l’avait fait exprès...

C’était elle l’aînée, c’est elle qui aurait du se coltiner cette stupide tradition … Moi j’aurais du tranquillement attendre à Londres que les huissiers valident le processus et que l’on puisse enfin toucher l’argent de la vieille …

Encore huit minutes. Comme au moins cent vingt fois depuis qu’on lui avait confié l’urne, il l’ausculta de toute part. L’heureux élu qui au moment de la lecture du testament détenait le pendentif tarabiscoté qui faisait office de relique familiales voyait en effet confier la gestion de la plus grosse partie du patrimoine familiale. Il se voyait bien racheter quelques discothèques londonienne. Au moins sept, pour passer chaque soirée de la semaine dans un endroit diffèrent. Au plutôt trente, pour chaque jour de chaque mois …

Mais il ne trouvait rien sur cette fichue urne. Et pourtant tout le monde sait dans la famille que celle qui dispersait les cendres étaient celle qui portait le pendentif quelques jours plus tard. Celle, oui, parce que c’était toujours une femme qui était normalement désignée. La plus jeune des adultes en lien direct par le sang, comme l’indiquait les livres de famille.

Foutue Lycia. Foutu coma, Foutues cousines trop jeunes ...

La montre a son poignet vibra.

Minuit

De surprise, il faillit en lâcher l’urne.

Il sourit à l’idée de la laisser tomber pour de vrai. Quelle histoire cela ferait.

Mais non, en punition, ils étaient capable de refuser de lui verser sa partie du pactole de la grand-mère.

Il ferrait tout dans les règles et ensuite, à lui la vie de prince.

Il ouvre grand l’urne et la retourne au dessus de l’eau en récitant les paroles qu’on lui a apprises, butant parfois sur quelques syllabes étranges.

Mais . ?? !!

Au lieu de flotter sur le lac, comme devrait le faire des cendres, celles-ci se mettent à s’élever en l’air puis à tourner autour de lui.

Qu’est ce que … ??

Et la musique..

D’où est ce qu’elle vient ?

Dissonante, métallique , grinçante ..

Thomas tombe à genoux. Il ne voit plus rien. Il n’entend plus rien à part cette horrible musique.

Les cendres l’encercle, le frappent, affamée. Comme une nuée de moustiques. Il ouvre la bouche pour hurler, appeler à l’aide .. Elles en profitent.

Thomas a la bouche pleine de cendres. Acres, épaisses, elles lui coulent dans la gorge comme du goudron.

Il hurle et s’écroule sur le sol, agité par moment de soubresaut nerveux.

Les huissiers attendent.

Quelques minutes passent, puis quelques heures.

Les huissiers attendent toujours.

Un rire. Un rire vieux et .. bizarrement .. féminin secoue le corps prostré au sol.

L’un des huissiers retourne démarrer la voiture et pousse le chauffage à fond. Le second s’avance vers le corps qui se relève en tremblant.

Arrivé à hauteur du jeune homme, il parle enfin : « Vous devriez vous couvrir Madame vous allez prendre froid avec ce temps, laissez moi vous prêter mon manteau »

« Vous allez devoir apprendre à m’appeler jeune Homme » maugréa la personne qui venait de se relever. « Plutôt que de me proposer son manteau, rendez moi plutôt mon pendentif, je me sens faible sans lui. Et ensuite, expliquez moi pourquoi Diable je suis dans le corps de mon petit fils et pas de ma celui de ma petite fille ? »

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