Coat

traduction française : manteau, enrober

La maison était silencieuse, bien trop silencieuse. Il manquait sa présence, sa voix, son rire. La jeune femme vêtue de noir retint à grand peine ses larmes, ne se laissa le droit qu’à un reniflement triste.

Il lui manquait tellement.

Derrière elle, des cartons remplies composaient deux tas bien distinct. Ceux de gauche, bien fermés, affichaient la liste de leur contenant sur l’une de leur face « croquis, textes, correspondance, bidules » pouvait on, entre autre lire sur les listes en question.

L’autre tas, étaient visiblement destinés à être données à des associations. Emmaüs était écrit en gros, au feutre noir, sur la plupart de ceux-ci.

« Je vais m’occuper de vider les armoires maman, tu veux garder quelque chose ? » demanda la jeune femme. « Non ma chérie, j’ai mes souvenirs de lui dans la tête, voir ses habits prendre la poussière et ne plus être porté, cela va seulement me rendre plus triste encore » lui répondit sa mère, la voix un peu tremblante. « Tu veux un thé ? » poursuivi-t-elle « il faut que je m’occupe » rajouta-t-elle comme pour s’excuser.

« Pourquoi pas, mais si ça ne te dérange pas, je préfère un café » répondit sa fille tout en ouvrant l’armoire des habits de son père.

« Du café, toujours du café, comme ton père tiens » lui répondit sa mère. «Très bien, alors ce sera café pour tout le monde » rajouta-elle.

Cela ne faisait qu’une semaine que son père était mort et pourtant elle eu l’impression que son armoire était resté fermée pendant des années. Elle commença à la vider et à remplir les cartons.

Comment un homme de son âge pouvait-il avoir autant de tee-shirt ? Certain devaient être plus vieux qu’elle, et elle était sur qu’une partie d’entre eux n’avait pas été porté depuis plus de vingt ans. Elle sourit, un tout petit sourire triste, timide. Son père et ses tee-shirts. C’était comme ses livres, jamais il n’en aurait jeté un.

Il ne lui restait plus que la penderie à vider.

« Le café est prêt ma chérie, vient le boire, ça te ferra du bien une pause »

La penderie.

Son père aimait presque autant les manteaux et les veste que les tee-shirts. Elle ouvrit lentement la porte. La penderie était bien pleine à craquer. Elle sortit les manteaux les uns après les autres. Les pliants, vérifiant les poches et les rangeant eux aussi dans des cartons.

Elle avait atteint la moitié lorsqu’elle s’arrêta. Son manteau. Le manteau qu’il portait pendant toute son enfance à elle. Un long trench coat noir, plein de poche et chaudement doublé. Elle le sortit lentement et le tint à bout de bras. Il était toujours en parfait état. Elle avait tellement de souvenir de son père avec ce manteau. Quand ils partaient en balade et qu’elle lui remplissait les poches de petits trésors, des petits cailloux, des glands, des plumes ou des feuilles.

Quand il revenait de déplacement et qu’il avait caché un cadeau pour elle ou sa sœur dans une des poches. Elle le serra soudain contre elle. Il sentait comme dans son souvenir. Le tissu, l’amour et son père.

Elle se rappela quand son père lui mettait sur les épaules, parce qu’elle avait froid et qu’elle n’avait pas pris sa veste. Elle se souvenait le poids qui pesait alors sur ses petites épaules, des manches dont ses mains ne dépassaient pas, et combien elle se sentait heureuse dans ses moments là.

Elle enfila le trench coat. Le même poids, mais maintenant qu’elle était adulte, il n’était plus si lourd et ses mains sortaient enfin des manches.

Elle se souvint.

Un jour il avait arrêté de le porter parce qu’il lui avait dit qu’il ne voulait pas l’abîmer, parce que c’était un manteau magique et qu’il fallait qu’il soit en bon état quand cela serait à son tour à elle de le porter.

Et elle ne l’avait plus jamais vu le porter.

Elle sourit.

Il était peut-être bien magique après tout, pour lui avoir réussi à lui rendre le sourire.

« Maman, ça te dérange si je prends un manteau pour moi ? »

« Mais non, tu sais bien qu’il aurait adoré te voir les porter »

Elle serra ses bras autour d’elle, enveloppé dans ce qui avait été le manteau préféré de son père, dans ce qui était maintenant son manteau préféré.

« Merci papa » murmura-t-elle.

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