Scallop

traduction: coquille saint-jacques

On dit souvent qu’un homme seul ne peut rien, qu’il lui faut l’appui de ses semblables pour construire, pour avancer. Et on a sans doute raison. Mais ce que l’on oublie de dire c’est qu’un homme seul peut très bien saborder un groupe, un village, une nation, un monde par une simple action inconsidérée et égoiste.

Et c’est bien à cause d’un homme seul, d’un homme dont le nom est honni, dont le simple souvenir évoque le dégout que la Terre est ce qu’elle est aujourd’hui, un vaste champ de ruines fumantes, un cimetière pour la quasi totalité de l’humanité, un charnier à ciel ouvert dans lequel survivent misérablement les quelques humaines et humains ayant été malencontrueusement épargnés par l’ultime châtiment.

Pourtant, pourtant tout allait presque pour le mieux pour l’humanité. Les noires années du début du deuxième millénaire étaient oubliées depuis plus de trois-cent ans. L’humanité vivait en paix, autant qu’elle le pouvait et ayant enfin réussi à comprendre qu’elle n’avait qu’une seule planête et qu’il fallait la préserver. Cela n’avait bien entendu pas été un chemin facile à parcourir, mais finalement, catastrophe après catastrophe, les famines succédant aux pandémies, elles-mêmes succédant aux crises économiques, l’humanité avait fini par apprendre.

Et comme un miracle n’arrive jamais seul, l’humanité avait fini par avoir la preuve qu’elle n’était pas seule dans le Cosmos. Pendant de longues années il n’y avait eu que des échanges de messages via ondes entre l’humanité et les ScaLgroQues, mais nos voisins galactiques étant bien plus avancés que nous, ils avaient entrepris le long voyage spatial nécessaire pour se rendre sur la Terre.

Les vaisseaux spatiaux de la délégation ScaLgroQues s’étaient d’ailleurs mis en orbite autour de la Terre depuis à peine plus de trois ans lorsque ce que l’on pourrait appeler le minuteur de la fin du monde se déclencha. Personne ne le savait encore sur Terre ou parmi les ScaLgroQues mais il ne restait que quelques mois, semaines, jour, avant que ce qui serait ensuite appelé du nom de «l’Erreur » n'ait lieu, avant que notre homme seul, cet homme honni agisse.

Les ScaLgroQues étaient donc arrivés et les échanges scientifiques allaient bon train. L’humanité était fascinée. Les ScaLgroQues passaient par plusieurs stades aux cours de leur vie. Un peu comme les papillons, enseignait-on aux enfants à l’époque. La majorité de leur vie, ils ressemblaient à des pieuvres grises et visqueuses posées sur deux paires de jambes à deux genoux. Mais lors de la saison de la reproduction, les ScaLgroQues secretaient une espèce de chrysalides, des coquilles qui leur permettait de concevoir un œuf, un œuf qui au bout de plusieurs mois laisserait apparaître un nouveau ScaLgroQues. Comment fonctionnait vraiment la reproduction de nos nouveaux amis extra-terrestres, les scientifiques terrestres n’en avaient aucune idée. Est-ce que cela ressemblait plus à du clonage ou à une reproduction sexuée.. là encore personne n’en savait rien.

La seule chose que l’humanité avait apprise, c’est que lors de cette phase de gestation, la chrysalide des ScaLgroQues avait les trait exacts d’une grosse coquille saint-jacques et qu’elle devait absolument être complétement immergée dans de l’eau salée.

Ce que finit également par apprendre l’humanité, c’est que le passage en cycle reproductif se faisait en groupe et de manière totalement imprévisible. Et c’est ainsi qu’un jour, une demande officielle arriva sur le bureau du gouvernement mondial terrien. La moitié de la délégation ScaLgroQues allait passer en cycle de gestation, il était demandé de pouvoir utiliser un bout d’un océan terrien, en fonction des critères nécessaire pour la bonne mise en place du cycle. En échange, les ScaLgroQues promettaient à la Terre d’intensifier encore le partage de connaissances et d’offrir à l’humanité les secrets du voyage entre les étoiles…

L’age d’or semblait de l’humanité semblait être à portée de main. Les étoiles, les galaxies, tant de mondes à explorer et coloniser, tout semblait si proche …

Et c’est sans doute ce qui aurait pu arriver … si notre homme seul, le responsable de la destruction de l’humanité… ne s’était pas levé un beau matin, en regardant la mer à travers sa baie vitrée et n’avait pas décidé que décidement à midi, il mangerait bien une omelette aux saint-jacques et à l’huile de truffe ...

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