20 Frost

traduction : gel/givre

Encore quarante-cinq secondes. Il avait largement le temps de rejoindre le prochain abri. Il se remit à courir en faisant bien attention de ne pas glisser sur la glace.

L’abri. Il lui restait 25 secondes.

Merde.

L’un des ouvriers qui avaient posé l’abri avait été gelé pile devant l’entrée de celui-ci.

Il n’aurait pas pu mourir ailleurs ? pensa l’homme qui courrait.

Le corps bloquait l’entrée.

15 secondes.

Il frappa de toutes ses forces le corps gelé avec sa pelle portable. Une fois, deux fois, 10 secondes, trois fois, quatre fois, 5 secondes.

La statue de glace qu’était devenu l’ouvrier fini par se briser en une multitude de petits morceaux glacés.

L’homme se jeta dans l’abri au moment où un vent brûlant de froid remplissait le tunnel, congelant instantanément tout ce qui n’était pas protégé.

Cela aurait été vraiment trop bête de mourir maintenant, après toutes ces années à étudier le phénomène du vent de glace, alors qu’il était si proche du but, si proche de découvrir enfin la cause de tout cela.

Il s’épousseta, vérifia que son équipement était intact. Rien de bien grave, juste quelques bosses et .. une cheville douloureuse.

Il regarda sa montre. Le prochain vent soufflerait dans trente minutes. En temps normal, il aurait largement eu le temps de rejoindre le prochain abri. Mais il valait mieux bander sa cheville et se reposer un peu.

Ce serait dommage qu’il se blesse pour de vrai, ne puisse rejoindre l’abri et finisse glacé lui aussi. Les ouvriers qui avaient perdu la vie en installant la chaîne d’abri qui allait lui permettre de découvrir la cause du vent glacé ne devait pas s’être sacrifié pour rien.

Jeu de cache-cache entre le froid et l’homme.

Il boite, sa cheville lui fait mal.

Abris après abris il avance.

Croisant parfois les statues muettes des ouvriers qui se sont fait piégés.

Le dernier abri, enfin.

Marcher est un vrai calvaire. Il s’est bricolé une béquille avec des bouts de métal trouvé dans un des abris précédent.

Se reposer, laisser passer une rafale de vent avant de partir dans l’inconnu.

Il observe le tunnel, essayant de deviner ce qui l’attend. Le tunnel fait un coude, l’empêchant de voir a plus d’une centaine de mètres. Après des kilomètres de ligne droite, ce coude prouve que la source du vent est proche.

Aucun des douze ouvriers qu’il a envoyé n’est revenu après avoir dépassé le coude.

Il pense qu’ils ont été imprudents où tellement surpris parce qu’ils ont vu qu’ils se sont laissés piéger par le temps et le vent.

Les antidouleurs et le repos font effet, légèrement.

Le vent glacial souffle. Il est bien plus fort qu’au début du tunnel. L’homme sent l’abri lutter, résister, la structure métallique craque, les parois deviennent glaciales.

L’abri ne tiendra plus très longtemps, c’est maintenant où jamais.

Trente minutes

Il règle son chronomètre sur quinze minutes.

Il marche.

Le coude, il tourne.

Devant lui une caverne, une énorme caverne, qui brille de mille feux, tellement elle est remplie d’or.

Les ouvriers qu’il a envoyés en exploration sont là, douze statues de glace.

Le dragon bleu couché sur la montagne d’or, ouvre un œil, un sourire semble se dessiner sur sa gueule pleine de crocs et il soufflote, un simple petit soupir de glace.

L’homme est glacé, incrédule, treizième statue de glace.

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