12 Spicey

traduction: epicé

La pièce ronde était chaudement éclairée par le vitrail, tout aussi rond, qui perçait le plafond. Bien que Samain soit tout proche, l’air était resté doux et le soleil de cette fin de matinée n’était pas avare de ses rayons.

Au centre de la pièce, un gros chaudron glougloutait doucement.

Bien que de belle taille, la pièce semblait trop petite pour tout ce qu’elle contenait. Les murs étaient complètement invisibles, recouverts par des monceaux de livres, comme le « Grimoires des sorts des dimanches midi » ou bien encore le « Rituels de guérisons du petit peuple appliqués aux humains et sorcières », par des bocaux laissant voir leur contenant plus ou moins bizarre comme une vésicule biliaire de dragon ou des ventouses de kraken des marais, .

Entre le chaudron, les étagères et le chêne, parce que oui, il y avait aussi un magnifique chêne qui prenait ses aises dans la pièce, étendant paresseusement ses branches, réchauffant ses feuilles à la lumière du vitrail, entre le chaudron et les étagères et le chêne donc, il y avait des tables. Table de lecture, table à thé et plan de travail. Toutes plus ou moins elles aussi surchargées de livres, de grimoires ouverts, de parchemins en cours de lecture ou d’écriture.

Et au centre de tout cela, irradiant de sa présence, se tenait la gironde sorcière propriétaire des lieux. Les manches retroussées, elle tentait de déchiffrer la page d’un vieux grimoire ouvragé posé sur un tas d’autre grimoires.

Tandis que de sa main droite elle annotait le grimoire, ajoutant parfois un mot, en soulignant un autre, de sa main gauche elle enchantait différents pots, ingrédients et flacons qui venaient en flottant, dans une joyeuse farandole, verser leur contenu dans le chaudron.

« Gidéon voyons, je te vois, tu sais bien que ce n’est pas bon pour toi ! » La voix de la sorcière était douce, caramel et tarte à la citrouille. Gidéon encore une fois pris sur le fait alors qu’il allait tremper une de ses pattes dans le contenu du chaudron miaula de mécontentement. Puis il se retourna et retourna se coucher sur son coussin bien rembourré, l’air de dire que de toute façon, il n’avait pas vraiment envie de goûter, que c’était juste par ennui mais que finalement il décidait qu’il n’en avait pas vraiment envie.

La farandole des ingrédients repris, le glougou du chaudron continua. Quant à la rousse sorcière, elle continuait de lire en marmonnant parfois un « vraiment écrit n’importe comment », «Je pense qu’il faut en rajouter un peu plus ». «Cet ingrédient ne sert à rien »…

Alors qu’un couteau flottait vers le chaudron escortant une planche à découper, la sorcière se retourna figeant la farandole d’un geste. « Théodule, tu les as bien découpés en forme de tête de troll ? C’est important tu le sais ! » Si un jour, un couteau réussit a semblé être embarrassé, ce fut ce jour-là et ce couteau-là. « Tu sais bien que c’est important Théodule, même si c’est plus long à faire » le réprimanda la sorcière. « Remets-toi y » Le couteau, penaud, retourna donc à son labeur, pour à nouveau couper et découper, mais en forme de tête de petit troll cette fois-ci.

Finalement la farandole se termina, Théodule le couteau ne fit plus entendre son tac tac tac rythmé et la sorcière referma le grimoire. « Bien, c’est le moment de goûter »

Elle s’approcha du chaudron, y trempa un doigt qu’elle amena à sa bouche et goutta.

Elle sourit.

« Parfait, ni trop épicé ni trop peu »

Haussant la voix, elle appela alors « Le curry est prêt ! »

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