Cachez ce gris que je ne saurais voir !

** Gros titre du journal du 22 Janvier : Il bat à mort l'avocat responsable de son licenciement. **

Hier dans l'après-midi, Georges Cadey a sauvagement battu, quasiment à mort, Maître Larbo. D’après les témoins présent sur la scène, monsieur Cadey se serait jeté, au guidon de son vélo, contre la voiture de Maître Larbo. Toujours d'après les témoins de la scène, maître Larbo serait alors sorti de sa voiture, pour porter secours à Cadey. Celui-ci se serait alors transformé en vrai bête sauvage. Il se serait mis à hurler des propos incohérent sur le gris et l'horreur du monde avant de se jeter sur le malheureux avocat et de le frapper, encore et encore, jusqu'à ce que la police arrive et le maîtrise. Bien que Cadey est tenté de maquiller cela en agression bizarre et folle il semblerait pourtant que tout est été prémédité. En effet, Maître Larbo se trouve être l'un des avocats ayant gérer le dossier de la reprise de l'usine Altenor. Reprise qui s'est suivi d'un plan social plus que sévère pour les salariés historiques de l'usine. Et il se trouve que George Cadey était l'un des salariés ayant perdu son emploi lors de ce plan social.

** Procès de George Cadey. **

** Procureur ** : "Monsieur Poldasi, vous êtes donc psychiatre c'est cela ?" ** Monsieur Poldasi **: "Oui monsieur, depuis plus de 20 ans." ** Procureur ** : "Bien. L'accusé nous a expliqué précédemment que sa crise de violence était du à une très grave phobie, la phobie de la couleur grise. Que dans la collision entre son vélo et la voiture de la victime, il avait perdu ses lunettes spéciales qui lui permettait, en colorant tout en violet, de ne pas voir le gris. L'accusé prêtant que ce fut un choc mental violent que de voir autant de gris d'un coup. Et que le fait de voir la victime en complet gris avait été la goutte de trop, qu'il était alors devenu momentanément fou. Qu'en pensez vous en temps qu'expert psychiatre ?" ** Monsieur Poldasi **: "Je suis désolé de devoir le dire, mais la phobie du gris, n'existe pas. On peut avoir la phobie du rouge, du blanc, du noir, du bleu, de quasiment toutes les couleurs. Mais pas du gris. Cela n'existe pas." ** Procureur **: "Bien, je n'ai plus de question."

Une cellule, en prison.

Un petit homme écrit une lettre avec un crayon à papier, replié sur lui même, son oreiller en équilibre précaire au dessus de son crane.

«Monsieur le directeur, je vous en supplie, j'ai absolument besoin que vous m'autorisiez à porter à nouveau mes lunettes. Je n'en puis plus. Je ne supporte pas de rester dans ma cellule comme cela. Le plafond gris de ma cellule est pour moi la plus horrible des tortures.

Je suis à bout monsieur le directeur. Je vous en supplie, je ne pourrais pas en supporter plus. Je ne dors plus de peur de me réveiller en regardant le plafond.

Le simple fait de savoir que le plafond est de la couleur qu'il est et que pour une raison ou une autre, je pourrais lever les yeux et le voir, cela me ronge plus qu'il n'est supportable.

On ne devrait pas laisser ainsi les gens souffrir, même en prison.

Vous êtes mon dernier espoir monsieur le directeur, je vous en prie...

George Cadey.»

** Prison, discussion entre deux gardes.**

«Tu as raté quelque chose pendant tes vacances mon vieux.» «Ha bon ? Le vieux fou de la cellule du fond arrive à voler ?» «Non, Cadey a tenté de se suicider, il est toujours à l'infirmerie.» «Sérieux ?» «Oui, il a réussit à récupérer un bout d'assiette cassée lors d'une bagarre à la cantine et il a essayé de se couper les veines.» «J'y crois pas, je suis sur que c'est simplement pour continuer à nous faire croire qu'il est fou, comme avec ses conneries d'histoire d'avoir peur du gris là.» «T'as peut-être pas tord, il crie partout qu'il ne voulait pas se suicider, mais juste repeindre le plafond en rouge.» «Tu vois, je te le dis, c'est le moins fou de nous tous. Il veut simplement aller finir sa peine tranquillement, avec les dingues.»

** Prison, une nuit.**

Un cri de souffrance retenti. Les gardiens se précipitent dans les couloirs. «C'est la cellule de Cadey, qu'est ce qu'il a encore inventé ?» Un deuxième cri, puis plus rien. Le gardien arrive en courant face à la cellule. A l'intérieur, Cadey est couché sur le dos, face au si terrible plafond gris, un sourire aux lèvres, serein. Au sol, prêt du lit, une cuillère en plastique qui a visiblement été aiguisée. La cuillère est rouge de sang, poisseuse. A coté d'elle, deux globes oculaires flottent dans une petite tache de sang.

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