9 Bounce

Traduction: rebondir

Depuis que je suis petit, les proverbes de ma grand-mère me guide à chaque étape importante de ma vie. Lorsque que tout gamin, je n’arrivais à rien à l’école, que mes camarades se moquaient de moi, que mes professeurs me faisaient porter le bonnet d’âne et qu’à la maison mon père me donnait de bonne correction pour, je le cite « faire rentrer les leçons », je me disait que « A cœur vaillant, rien d’impossible » et je continuais à essayer, persuadé qu’un jour mes efforts seraient récompensés.

Et puis finalement, quand je n’en puis plus d’essayer d’apprendre, d’essayer de comprendre, je me rappelais que « a l’impossible nul n’est tenu » et que si vraiment ma tête n’était pas bien faite, je n’y pouvais rien, que je devais plutôt me concentrer sur un domaine que je maitrisais. Et le domaine que je maîtrisais par-dessus tout c’est celui de me venger, de faire mal à mes camarades d’école. Et comme le disait ma grand-mère, c’est « A l’œuvre que l’on voit l’artisan ». Alors je ne ménageai pas mes efforts. Je ne manquais alors plus d’argent de poche, de devoir fait ou même simplement de petits casses-croûte quand j’avais un peu faim. Et en même temps, il n’y eu jamais autant d’enfant maladroit qui chutaient dans les escaliers, s’emmêlait les jambes ou glissaient sur une peau de banane. Autant d’excuses qu’inventaient mes adorables camarades pour ne pas avoir à dire à leurs parents que je les avais roués de coup.

Mais les meilleures choses ont une fin et l’époque dorée de l’apprentissage scolaire ne pouvait durer indéfiniment. Là encore, j’écoutais les maximes de ma grand-mère. Et je décidais que « l’argent ne faisant pas le bonheur » et que « le malheur des uns fait le bonheur des autres » , j’allais réduire un peu le malheur de ceux qui avaient trop d’argent pour leur propre bien en leur en prenant un peu, de justement, leur argent.

Je me serais crû de retour au temps béni de ma scolarité. Je repérais une maison qui respiraient l’argent, avec des propriétaires pas trop jeunes pour pouvoir facilement les effrayer mais pas trop vieux pour éviter qu’ils me claquent entre les doigts, j’attendais un soir bien calme et j’allais leur faire une petite visite. Aussi simple que cela, deux ou trois grandes paire de claques, parfois un genou ou un coude fracturé d’un grand coup de pied de biche et l’affaire était dans le sac, je repartais avec les bijoux, le fric et l’argenterie.

Pendant plusieurs années je répétais le même schéma, sans en varier, sans prendre trop de risques, méthodiquement, parce que comme ma grand-mère le disait, le diable se trouvait dans les détails. Et moi, le diable, je n’avais vraiment pas envie de le rencontrer.

N’empêche que toutes ces années, grâce à ma mamie, j’aurais vraiment bien vécu. Mais au final, comme le disait grand-mère « Tant va la cruche à l’eau qu’à la fin elle se casse ». Et malgré toutes mes précautions, tous mes préparatifs, je finis par chatouiller un peu trop les mauvaises personnes.

Et c’est comme cela que je me retrouve là maintenant, à voir ma vie défiler devant mes yeux, cherchant un ultime proverbe, après tout, « l’espoir fait vivre », pour me sortir de ce mauvais pas. Mais tandis que l’oxygène de mes poumons s’échappe en grosse bulle de ma bouche, je ne trouve rien. Je ne peux accepter que « les meilleures choses ont une fin ».

Je ne veux pas mourir.

Et puis, un éclair de lucidité me traverse lorsque j’échoue sur le fond du port. « Lorsque l’on touche le fond, il n’y a plus qu’une chose à faire rebondir ».

Malheureusement mamie, rebondir lorsqu’on a les deux pieds coulés dans le béton, je n’y suis pas arrivé.

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